Aperçus de la grande industrie du Zhejiang. |
La première visite nous amène à un immense complexe d’usine érigé en «joint venture» entre le Zhejiang Tea group et la maison indienne Tata Tea. Contre un important apport de capitaux indiens la municipalité chinoise a mis gratuitement à disposition le terrain nécessaire. L’équipe dirigeante composée de 3 Indiens est assistée d’un personnel administratif et d’ouvriers d’une centaine de Chinois. L’objectif de cette nouvelle usine, devenue opérationnelle depuis quelques mois, est la production de 1700 tonnes d’extraits de thé. De plus une chaine d’extraction de poly phénols est au stade des essais et vise le marché des alicaments.
Tata Global Beverage détient déjà environ 15% de ce marché mondial des thés instantanés, que la société produit en Inde, par cet investissement au Zhejiang elle a cherché à élargir son offre. C’est l’extraction classique que l’on pratique ici ; les feuilles sont infusées dans des tanks et cette infusion est ensuite déshydratée, comme on le fait pour le lait en poudre ou certains cafés solubles. L’approvisionnement vient des plantations aux alentours, il s’agit surtout de fannings, nous explique le patron de l’usine. La fabrication est de qualité standard, soluble dans l’eau froide, destinée aux «thés glacées» très prisées aux USA et au Canada. Nous demandons à connaître les ratios de transformation et on nous dit qu’il faut environ 5kg de thés vert pour faire un kg de thé prêt à infuser ; de ce thé on extrait ensuite environ 10% de matière sèche, c’est alors le produit fini : l’extrait de thé.
Les machines, qui semble-t-il ont été mises en route spécialement pour notre visite, tournent avec peu de bruit et crachent les petites boules de thé dans nos mains curieuses avant de tomber, triées par taille, dans les sacs de 20 kg qui vont à l’entrepôt pour être ensuite expédiés. Envolés nos projets de visites de jardins de thé exceptionnels et voilà la réalité d’une forte croissance de la consommation qu’il faut satisfaire avec des moyens industriels de grand envergure. |
Et puis, et cela semble assez stupéfiant à des Européens, des sticks de poudres se déclarant extraites de thés d’exception, figurant parmi les «10 ming chas», les thés les plus selectes du pays. Des boîtes de sticks de «Da Hong Pao» et de «Feng Huang Dan Cong», logés dans de petites boîtes au dessin élégant mais aux indications à peine lisibles nous surprennent. C’est sans doute une création récente, puisqu’ils ne disposent pas d’un stand mais se «jettent» sur les visiteurs avec échantillons et questionnaire, tentant à prouver que leur produit est un succès parce qu’il répond à une demande de confort. Nous sommes tous tout à fait opposés à cette approche qui banalise ces thés de grande qualité et les jeunes commerciales en semblent surprises. Ayant dégusté les échantillons confirme la réponse totalement négative que nous avions donnée. D’abord c’est amer et c’est à peine que le nez de la tasse évoque les saveurs de ces thés oolongs d’exception. |
Nous espérons donc que ces grands thés ne seront pas galvaudés, mais resteront réservés à la préparation traditionnelle.